Nicolas Bouscarat, 35 ans, a vécu une période sombre dans un Big four du Luxembourg avant d'ouvrir le bar esport "Respawn" dans le quartier gare. Il nous raconte son nouveau départ.
Nicolas Bouscarat a retrouvé la banane. Cet homme de 35 ans est co-gérant du bar esport baptisé "Respawn", qui a ouvert en pleine crise du covid à Luxembourg-ville, dans le quartier gare. Respawn. Le nom du bar n'est pas un hasard. Il fait certes référence au terme anglais bien connu dans le jargon des jeux vidéo qui désigne la résurrection des personnages. Mais cette résurrection est aussi la sienne.
En intégrant l'un des Big four de la Place au Luxembourg en 2015, ce Français venu du Sud de la France avait cru trouver le job qui lui permettrait de construire sa vie au Grand-duché ou aux frontières, tout en continuant à parcourir le monde avec sa compagne durant ses congés. "Elle travaillait dans le même Big four que moi, et on a commencé à travailler comme des dingues" raconte t-il.
Le couple revenait à peine d'une riche expérience en Asie et en Australie, où Nicolas a notamment été chargé de créer des sites web pour faciliter les excursions sur la Grande barrière de corail. Mais de retour en Europe, assez vite, les opportunités de voyager n'étaient plus tout à fait à l'ordre du jour. Nicolas s'est plongé dans son nouveau boulot.
Dans son Big four, ce développeur de logiciels a notamment mis une équipe sur pied afin d'automatiser certains processus redondants pour les employés. "Au début, c'était très intéressant, le travail était très pointilleux" se souvient-il. "Mais le côté éthique m'a vite dérangé. À la base, j'étais venu pour faire un peu rêver les gens. Et là, j'étais en train de remplacer des gens par des robots."
UN BURN-OUT ET DES QUESTIONNEMENTS
Peu à peu, son job lui pèse dans un contexte toujours très concurrentiel. Hormis celles de sa compagne, les oreilles se ferment malgré ses cris d'alerte. Jusqu'au jour où il craque complètement. "Il y a eu ce jour où on est arrivés dans le parking sous-terrain de la boîte. Je m'en souviendrai toute ma vie" confie t-il. "J'ai coupé le contact et j'ai commencé à pleurer. Ma compagne était à côté de moi dans la voiture. Elle m'a demandé ce qu'il m'arrivait. Je lui ai juste répondu: "C'est plus fort que moi, je n'arrive pas à sortir de la voiture. Je ne peux pas, je n'en peux plus."
L'expérience professionnelle a débouché sur un burn-out et un profond questionnement personnel. "J'ai essayé de retrouver du sens dans ce que je faisais et je me suis interrogé sur ma place dans la société. J'étais alors à fleur de peau. Je ne supportais aucune injustice, même à la télé ou dans les films. Quand il y en avait une, il fallait que je me lève et que je parte" explique t-il.
Avec l'aide de la Maison de l'Entreprenariat, au Kirchberg, une nouvelle idée de reconversion professionnelle suit son chemin. L'homme a toujours été fan de jeux vidéo. Et a toujours voulu "faire rêver les gens", à son échelle, en les emmenant dans d'autres univers. Après avoir trouvé un associé, il a ouvert son bar "esport gaming" il y a maintenant bientôt trois ans. Dans la douleur, puisque le covid avait surgi comme redoutable ennemi, à même de décourager les plus valeureuses entreprises. Mais, arrivé au bout de son arrêt de travail, Nicolas n'avait plus trop le choix.
Aujourd'hui, il doit encore s'accrocher mais l'essentiel est revenu. "Je vois des gens qui retrouvent le sourire en passant la porte de mon bar. Et moi, je peux à nouveau regarder des films où il se produit des injustices, sans avoir à quitter la pièce!"
Notre nouvelle série au long format "Nouveau départ" s'intéresse à ces personnes qui ont plaqué leur boulot pour se lancer dans une nouvelle aventure. Vous avez changé de vie? Écrivez-nous à 5minutes@rtl.lu pour témoigner.
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