Entre la frontière luxembourgeoise et l'agglomération de Thionville, la vitesse de l'A31 est régulée de manière dynamique. Un système mal compris mais utile.

Cette section de l'autoroute, gérée par la DIR Est, est une des plus fréquentées: environ 65.000 véhicules, légers et lourds, empruntent l'axe chaque jour à la frontière. Et plus de 80.000 effectuent la traversée de Thionville. Bref, quiconque emprunte l'A31 en heures de pointe le sait: l'autoroute a atteint la saturation.

Le directeur du centre de gestion du trafic, Jean Doll, explique que si le "volume global de circulation est conséquent, ce sont les heures de pointe le problème". Sur ces périodes, l'infrastructure est complètement noyée par le flux de véhicules.

Pour tenter d'y remédier, cette section, longue de moins de trente kilomètres, est passée en régulation dynamique en octobre 2015. "Nous étions le premier tronçon non-concédé à l'expérimenter" ajoute-t-il.

UN SYSTÈME MAL COMPRIS...

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En heures de pointe sur l'A31, le moindre petit dysfonctionnement, même un freinage un peu trop appuyé, peut créer un vrai problème de circulation. / © Domingos Oliveira / Archives RTL

Le principe de la régulation est certes peu connu mais il est simple. Le tracé complet est divisé en plusieurs tronçons. Sur chacun d'eux, des capteurs analysent en temps réel la vitesse des véhicules. Si l'algorithme repère un changement de vitesse brusque sur un tronçon, comme pour un bouchon, il va proposer à l'opérateur de la DIR Est plusieurs scénarios, dont l'abaissement des limitations de vitesse en amont.

De 110 km/ à 90 km/h, puis à 70 km/h si nécessaire. Le but étant de limiter le développement de la difficulté et d'éviter une arrivée trop rapide des véhicules sur l'arrière du ralentissement. Cette réduction n'est pas faite à l'aveugle: l'algorithme propose des solutions face au problème signalé mais "c'est toujours l'opérateur qui a le dernier mot".

Et jusqu'ici, le bilan est positif. Le pourcentage de congestion s'est réduit à 64% du temps sur la période 6h-10h en direction de Luxembourg (contre 84% avant la régulation dynamique) et le temps de parcours moyen s'est réduit de six minutes entre Thionville et la frontière. Loin de dire que la situation va bien, le directeur du centre rappelle juste qu'elle va mieux. 

... ET TROP PEU RESPECTÉ

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La partie gratuite de l'A31 est limitée à 110 km/h, hormis au nord de Thionville (régulation dynamique de la vitesse) et autour de Metz et Nancy. / © AFP

Les progrès sont significatifs même avec un trafic toujours plus dense. Pourtant, trop peu d'automobilistes respectent ces vitesses - qui ne sont pas des recommandations mais bien des limitations - affichées sur les panneaux. "Il faut comprendre que pour l'automobiliste, c'est évidemment frustrant de devoir ralentir alors que tout roule correctement, explique-t-il, conscient de la réticence des usagers à lever le pied. Mais c'est cet effort individuel et anticipé qui, collectivement, permet d'améliorer les déplacements de tous."

Deux ans et demi après, la DIR Est estime avoir fait de son mieux, en termes de communication et de pédagogie, pour que l'outil donne de bons résultats. "On pourrait faire encore mieux si plus d'automobilistes jouaient le jeu".

"AVEC TROIS VOIES, ON POURRAIT RÉGLER LE SOUCI"

L'autre moyen d'améliorer vraiment le quotidien en accordéon des automobilistes serait d'investir dans les infrastructures. En bref, de voir enfin arriver la fameuse A31 bis. "Avec trois voies, on pourrait vraiment régler le souci", estime Jean Doll. Avec une pointe de réserve car tout dépendrait des habitudes des usagers, qui pourraient être davantage tentés de prendre l'autoroute si celle-ci était élargie.

Loin d'être une solution miracle, c'est l'ensemble de ces mesures qui permettrait de faire de l'autoroute un long fleuve plus ou moins tranquille. D'ici là, une nouvelle portion d'autoroute régulée va devoir faire ses preuves: depuis fin 2017, c'est l'A33, au sud de Nancy, qui a adopté la régulation dynamique de la vitesse.