
© RTL
"Mon fils a été harcelé sexuellement", "impunité pour les agresseurs", "plus il dénonce, plus il subit des menaces"... Plusieurs lecteurs ont répondu à notre nouvel appel à témoignage sur la violence des jeunes dans les écoles au Luxembourg.
Et si la violence chez les jeunes était le problème numéro un dans les écoles du Luxembourg? Loin devant le décrochage scolaire, la polémique sur les langues ou sur le niveau des élèves? C'est ce qu'affirmait récemment la psychologue Catherine Verdier dans un entretien à RTL 5Minutes.
Une chose est sûre, on ne peut plus nier la réalité de cette violence qui gangrène l'école dès le fondamental, et poursuit les victimes jusqu'à chez eux par l'intermédiaire des réseaux sociaux. Nos lecteurs sont d'ailleurs de plus en plus nombreux à répondre à notre appel à témoignages, afin de dénoncer l'"omerta", la loi du silence qui règne sur ce douloureux sujet.
Pour ce troisième article, nous avons sélectionné en particulier les témoignages (sous pseudo ou anonymisés) décrivant la réalité concrète de ces violences.
DANS UNE ÉCOLE "DE RICHES", "MON FILS SE FAIT RÉGULIÈREMENT FRAPPER"
(Henriette): "La violence à l'école, tout le monde le sait et personne ne parle. Mon fils, qui fréquente une école où presque tous les enfants ont des parents riches et intellectuels, se fait régulièrement frapper, agresser, menacer (aussi avec des couteaux) pendant les cours. Plus il dénonce, plus il subit des menaces et rétorsions. Ses copains vendent et consomment drogues et boissons alcoolisées dans les toilettes de l’école. Les parents sont au courant mais ne prennent aucune mesure. L’école ne réagit pas".

© Shutterstock
"OUI, À 7 ANS, DES ENFANTS SAVENT PARFAITEMENT MANIPULER UN AUTRE ENFANT"
(Patricia): "La violence à l'école fondamentale au Luxembourg est bien une réalité, et la communauté scolaire a bien du mal à le reconnaître. Mon fils de 7 ans a été harcelé verbalement puis physiquement par un élève de sa classe. Il a fallu apporter beaucoup de preuves et beaucoup de mois se sont écoulés, et autant d'angoisse et de souffrance, avant que l'on accepte que oui, à 7 ans certains enfants savent parfaitement comment manipuler un autre enfant. Des actions ont été mises en place et je remercie tous les intervenants ayant conduit à cela, mais il faudrait aussi faire de la prévention. Encore faut-il accepter que dans ce petit pays, où les différences se creusent mais où l'on ne manque de rien, nos enfants partent à la dérive. De petits ateliers organisés à l'école avec des professionnels (psychologues par ex.) ludiques pour dédramatiser et traiter des sujets concrets, liés au vécu de nos enfants seraient les bienvenus. Bien sûr les parents sont à sensibiliser également, tout le monde a son rôle à jouer."
"LA SITUATION EST SUR LE POINT D'EXPLOSER"
(M.M.) "Je suis enseignant depuis 20 ans et la situation est sur le point d'exploser. Aujourd'hui, un jeune de 14 ans peut fumer des drogues sur les escaliers d'un lycée avant les cours ou après, il peut harceler verbalement les autres et se balader avec une attitude de "cassos" 24h/24. Les jeunes qui sont bien et gentils doivent croiser chaque jour des abrutis avec des cigarettes aux arrêts de bus, dans la rue, devant leur école, sans sanctions... aucune direction, aucun enseignant et aucun concierge ne va les aborder pour leur demander pourquoi ils se comportent comme des abrutis. Les lycées sont fautifs pour 90% de la délinquance juvénile parce que même dans les écoles, le plus fort gagne toujours et les gentils perdent. Les jeunes d'aujourd'hui ont trop de libertés et de droits, mais avec des droits viennent aussi des responsabilités... Dans les écoles, il faut que la peur change de camp, que ceux qui harcèlent aient peur de se faire dénoncer par les autres jeunes, et il faut que les gentils aient le soutien absolu des adultes et personnes d'autorité. Cela serait la seule façon de récompenser les gentils qui dénoncent les harceleurs."

© Shutterstock
"MON FILS A ÉTÉ HARCELÉ SEXUELLEMENT"
(Anonyme) : "Au cycle 1.2 mon fils a été harcelé sexuellement aux toilettes de l'école par un enfant plus âgé. Il en a informé la maitresse qui lui a demandé 'qu'il fasse plus attention s'il ne veut pas que ça se reproduise'. Après 3 mois, mon fils nous en a parlé, par peur. J'ai directement informé le ministère, la commune, la direction et l'inspection de l'école, j'ai attendu 8 semaines pour avoir une réponse... Après, on a déposé plainte auprès de la police judiciaire, puisque personne n'a pris les faits au sérieux. Ils ont même dit à mon fils que c'était un menteur et que les menteurs sont enlevés à leurs parents par la police".
"MON FILS S'EST INTERPOSÉ. RÉSULTAT: COMMOTION CÉRÉBRALE"
(Anonyme): "Le camarade de classe de mon fils de 13 ans a été violemment attaqué par un gang de mineurs il y a deux ans de cela. Mon fils a voulu l’aider et s’est interposé. Résultat: commotion cérébrale chez les deux. Nous avions le nom d’un agresseur, une plainte a été déposée. Résultat: absolument rien. L’impunité pour les agresseurs, alors qu’il est facile de les retrouver."
"NOUS DEVONS NOUS BATTRE POUR ASSURER LA SÉCURITÉ DE NOTRE ENFANT"
(Renert): "Notre fils a été harcelé au fondamental pendant les 4 dernières années de sa scolarité. Insultes en tout genre, coups de pied dans les couloirs... Il se défendait à chaque fois, mais psychologiquement ce fut dur pour lui. Nous avons alerté le corps enseignant, les personnes du ministère de l'Éducation. Nous les avons même rencontrés, avec pour seule réponse...la mise en place d'un encadrement spécial pour ces jeunes, avec des éducateurs... totalement inefficace. Résultat néant. C'est honteux que nous devions nous battre juste pour pouvoir assurer une sécurité à notre enfant au sein d'un établissement qui est censé le protéger....à la base".
À lire également sur ce sujet:
-La violence chez les jeunes (2): "Aucun enfant n'échappe à cette violence, mais le Luxembourg ferme les yeux"
-La violence chez les jeunes (1): "Ils ont agressé mon fils", "J'ai été menacé", "Que font les parents ?"
-Des "gangs de jeunes font des choses graves" au Luxembourg
-"Il se fait embêter à l'école parce qu'il est Russe"
APPEL À TÉMOIGNAGE
Vous pouvez réagir à ces témoignages en publiant un commentaire, ou bien en remplissant le formulaire ci-dessous, qui vous permettra de laisser un contact (mail, numéro de GSM) si vous souhaitez être contacté par notre journaliste. Votre anonymat est garanti.