
Les constructeurs luxembourgeois n'en démordent pas: la situation "va encore empirer" sur le marché du logement. Après les hausses successives des taux d'intérêt, le secteur de la construction est à l'arrêt et certaines entreprises pourraient ne pas tenir le coup.
La hausse des taux d'intérêt a changé la donne sur le marché de l'immobilier luxembourgeois. Alors qu'il y a un peu plus de douze mois, les acheteurs se bousculaient dès qu'un bien était mis à la vente, le marché du logement est désormais "complètement à l'arrêt" si l'on en croit les dires d'un certain Marc Giorgetti.
Ce vendredi, deux figures de la construction se sont prononcées à ce sujet dans un nouvel épisode de "La Bulle Immo". Christoff Delli Zotti et Paul Nathan ont abondé dans le sens de M. Giorgetti. Les deux entrepreneurs s'accordent à dire que le marché du logement est actuellement "en chute libre" et affirment que certaines entreprises "n'ont plus assez de travail".
"Un vent de panique s'installe", reconnaît Christoff Delli Zotti, membre du comité de direction de l'entreprise Dellizotti et vice-président de la fédération des entrepreneurs. "C'est très inquiétant ce qu'il se passe", continue-t-il en soulignant que 20.000 emplois dépendent de la création de logements au Grand-Duché.
"On construit uniquement sur commande (...) sans investisseurs, on ne peut rien créer", explique Paul Nathan, directeur technique de l'entreprise Poeckes et vice-président de la chambre des métiers. Il rappelle d'ailleurs qu'au Luxembourg, "trois quarts des entreprises de construction sont des micro-entreprises" et ce sont elles qui sont "les plus vulnérables".
Ils ne sont pas les premiers à sonner l'alarme. Lors des assises du logement, Roland Kuhn avait alerté le ministre du Logement en demandant des aides sur douze mois pour le secteur de la construction. Un appel auquel se joignent Christoff Delli Zotti et Paul Nathan. Ils prédisent des "conséquences dramatiques" si l'Etat luxembourgeois ne réagit pas.
Série de faillites, vague de chômage, problèmes budgétaires: les deux hommes n'excluent aucun scénario. "Il y aura des drames humains", assure l'administrateur délégué de l'entreprise Dellizotti qui est d'avis que "les décideurs politiques ne sont pas conscients" de l'urgence de la situation.
Il réclame "des mesures d'urgence pour relancer l'activité" telles que le doublement du plafond de la TVA à 3%, le retour à un taux d'amortissement accéléré à 6% ou encore une exemption des droits d'enregistrements sur la construction. Tout comme Roland Kuhn, il insiste sur le caractère temporaire de ces aides.
Pour sa part, Paul Nathan assure que si rien n'est fait la crise "ne s'arrêtera pas au secteur de la construction". "Ce n'est que le début" prévient-il.Le vice-président de la Chambre des métiers est convaincu que les conséquences de l'inaction "coûteront beaucoup plus cher" au Luxembourg et qu'il faudra des années au pays pour s'en remettre.
Pour en savoir plus, n'hésitez pas à écouter le nouvel épisode de "La Bulle Immo" en cliquant ci-dessous.
Vous pouvez également écouter ce podcast sur RTL Play, Apple Podcast et Spotify.