
© Maxime Gonzales
Un peu plus de la moitié des salariés du secteur financier affirme souhaiter "souvent", voire "très souvent", changer de travail. Un chiffre frappant qui ressort de la dernière enquête de l'OGBL.
Au Luxembourg, face à la mutation permanente du secteur financier due notamment aux enjeux de la digitalisation et les conséquences de la pandémie, l'OGBL a décidé de donner la parole aux salariés à travers une enquête. Enquête à laquelle quelque 450 salariés des banques, assurances et autres entreprises du secteur financier ont répondu afin de mettre en lumière leurs maux principaux et les potentiels changements susceptibles d'y remédier.
Les chiffres sont édifiants, voire alarmants, comme l'a souligné d'entrée de jeu Sylvie Reuter, secrétaire centrale pour le secteur financier de l'OGBL. Un réel malaise ressort en effet des résultats de cette enquête. 52,5% des personnes questionnées ont souvent ou très souvent souhaité quitter le secteur financier.
La santé mentale de ces salariés est bien souvent mise à mal, comme le démontre ce récent sondage. 18,2% des participants déclarent travailler "souvent" voire "très souvent" les week-ends ou le soir après leur journée de travail et 22,9% travaillent de manière non rémunérée pour leur entreprise, en dehors de leurs heures de bureau.
DES SALARIÉS DÉPASSÉS
Angoisses, rémunération insatisfaisante, manque de perspectives d'évolution, heures supplémentaires non rémunérées, charge de travail excessive... alors que les burn-outs sont devenus monnaie courante dans le monde du travail, les salariés interrogés ont bien des raisons de se sentir dépassés.
"L'intensité est permanente, la charge de travail est immense et il y a une perte de sens aussi", souligne Sylvie Reuter. C'est d'ailleurs la peur au ventre que de nombreux salariés admettent se rendre à leur travail. Ils sont environ 40% à craindre "souvent" voire "très souvent" de perdre leur emploi.
On pourrait croire que les employés du secteur financier sont satisfaits de leur rémunération. Mais tout n'est pas si rose dans le monde des banques et des assurances, puisque 67,5% des participants à l'enquête estiment que leur revenu n'est pas vraiment adapté à leurs performances.
"Les gens se sentent impuissants". En résulte donc des employés débordés et une charge de travail excessive face à laquelle ils n'ont pas d'autre choix que de s'adapter, "d'autant plus que c'est un monde qui fonctionne sur la méritocratie", souligne Sylvie Reuter. Environ 50% des salariés font régulièrement des heures supplémentaires et 48% sont obligés de régulièrement faire des concessions quant à la qualité de leur travail.
PLUSIEURS AXES SUR LESQUELS TRAVAILLER
Le sondage a par ailleurs mis en évidence l'envie de pouvoir travailler davantage en télétravail: ils sont en effet 80% à vouloir travailler plus souvent à distance. Une question supplémentaire sur laquelle le secteur doit avancer, estime l'OGBL.
S'ajoutent à ces problématiques, le peu de perspectives d'avenir dans ces carrières et un faible équilibre entre vie privée et vie professionnelle.
Pour tenter de répondre à tous ces soucis mis en évidence par leur enquête et pour augmenter l'attractivité du secteur financier et ainsi éviter des départs massifs, l'OGBL a établi plusieurs axes prioritaires sur lesquelles travailler.
Selon elle, il importe notamment d'avancer sur les questions de rémunération, de réorientation de carrière avec formation continue, de conciliation entre vie privée et vie professionnelle, et bien sûr, de se concentrer sur la santé mentale des salariés du secteur financier.