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Le défi est immense pour le Luxembourg, qui doit continuer à se montrer attractif pour recruter plusieurs dizaines de milliers de travailleurs ces prochaines années.
Le marché du travail luxembourgeois est sous tension. Le taux de chômage y est très bas, proche du plein-emploi. Au point que de nombreuses entreprises ont du mal à recruter dans tous les secteurs et font face à une pénurie de main-d'œuvre. Une entreprise sur deux considère ce manque comme le principal obstacle pour leur développement cette année.
Dans son baromètre réalisé auprès des cabinets de recrutement du Luxembourg, l'Union des entreprises luxembourgeoises reconnaît que la situation est compliquée: "91% des candidats ont trop d'opportunités d'emplois à choisir". Une autre manière de dire que les travailleurs sont en position de force et peuvent mettre les employeurs en concurrence pour décrocher un contrat plus avantageux. "Les attentes des candidats en terme de salaires sont supérieures" à ce que les entreprises "peuvent se permettre" ajoute-t-elle.
Et justement, le salaire est le premier critère d'attractivité du Luxembourg, mais il l'est de moins en moins. Selon l'enquête de l'UEL, la flexibilité et la qualité de vie (télétravail, localisation...) arrive en deuxième place, "avec un score proche du salaire".
"La salaire ne suffit plus" alertait justement Laurent Mertz, présent à la Chambre des députés pour le débat sur les deux jours de télétravail par semaine. Suivent encore les perspectives d'évolution et la culture d'entreprise.
De cette tension, l'UEL constate que "certains postes sont impossibles à remplir" et "certains profils sont impossibles à attirer". Lui faisant dire que le Luxembourg, autrefois perçu comme si attractif, a des efforts à réaliser. Surtout que, selon le baromètre, le Luxembourg va devoir recruter 300.000 personnes d'ici 2030 pour soutenir sa croissance et compenser les départs à la retraite. Dont 1.700 travailleurs qualifiés dans les douze prochains mois pour rattraper la demande des clients, dans le secteur artisanal.
LA FRANCE, CE VOISIN ATTRACTIF
Dans un souci de lutte contre la fuite des talents, l'UEL remarque que "la plupart des candidats qui souhaiter quitter le Luxembourg optent pour la France". Celle-ci a fait d'"énormes efforts fiscaux". Notamment son régime fiscal attractif pour les impatriés (les nouveaux travailleurs venus de l'étranger, NDLR).
Sans oublier que les frontaliers revenant travailler en France - et les employés qui renoncent à venir au Luxembourg - s'épargnent bien des tracas en matière de télétravail (pas de seuils à respecter), de fiscalité (plus besoin de réaliser plusieurs déclarations d'impôt) et de mobilité (moins de temps passé dans les transports). D'ailleurs, les trajets difficiles pourraient faire fuir près de la moitié des salariés du Grand-Duché.
En somme, avec ses quelque 118.000 frontaliers employés au Luxembourg à l'été 2022, la France représente un partenaire et un rival économique important pour le Grand-Duché. Qui devra se montrer créatif et ouvert pour rester cet eldorado du travail dans la Grande Région.