Mercredi, deux enquêteurs de la police judiciaire ont expliqué le modus operandi selon lequel une fraude d'un montant de plus de cinq millions d'euros a été réalisée.

Les deux ex-fonctionnaires de la commune de Hesperange se seraient remplis les poches de diverses manières. Deux sociétés fictives étaient au centre du dispositif: AEARLUX Sarl (Académie Européenne des Arts Luxembourg) et SICOH (Syndicat d’initiative de la commune de Hesperange). Des factures ont été établies au nom de ces entreprises pour des travaux qui auraient dû être réalisés dans la commune. Comme par exemple des travaux au système de chauffage ou d'aération d'une école.

L'accusé, qui était responsable du service financier de la mairie de Hesperange, certifiait ensuite lui-même les factures. La signature du mandat de paiement par le bourgmestre, les échevins et le secrétaire communal n'était alors plus qu'une formalité. Quelques mois après l'arrivée de l'argent sur le compte postal de l'une des sociétés fictives, il était transféré sur un compte privé de l'accusé.

Quand les structures pour la certification des factures sont devenues plus strictes à la mairie, à partir de 2003, le principal prévenu a pris un complice à ses côtés. Lui aussi, ex-fonctionnaire, figure maintenant sur le banc des prévenus.

En plus de cela, de vraies factures ont également été manipulées par l'accusé avec un logiciel sur ordinateur. C'est ainsi que ce dernier a, par exemple, fait faire des rénovations majeures à sa maison ou à un appartement et a ensuite inscrit d'autres choses sur la facture. Ou il expliquait aux fournisseurs que c'était des travaux pour la commune, car la maison lui appartenait.

Une autre combine était le détournement de l'argent viré par la compagnie d'assurance. Les primes et les indemnités affluaient sur les comptes des sociétés fictives puis sur les comptes privés. Sur les assurances aussi, l'accusé avait un aperçu général, car il gérait lui-même le portefeuille de la commune en tant qu'agent. Une autre manière de mettre la main sur l'argent de la commune passait par les subsides de l'Etat central. Dans ce cas également, le numéro de compte d'une des sociétés fictives était donné, puis ce compte était utilisé.

Les faits ont eu lieu entre 2000 et 2019. Selon les enquêteurs, le principal accusé se serait enrichi illégalement de plus de 3 millions d'euros. Ils possédaient plusieurs appartements, maisons et grosses voitures. Le deuxième prévenu, qui a rejoint ces activités illégales en 2003, se serait enrichi de plus de 800.000 euros.

Mercredi matin, le public est venu en nombre assister au procès. Des représentants de tous les partis de l'opposition au conseil communal de Hesperange s'étaient glissés parmi les spectateurs.

En plus des deux ex-fonctionnaires, un homme d'affaires est également accusé d'avoir établi en toute conscience une fausse facture. La commune de Hesperange et l'Etat se sont portés parties civiles au procès.