Pendant des mois, un enfant a été harcelé dans un lycée au Luxembourg, au point de devoir aller en psychiatrie juvénile, affirme sa mère qui a déposé une pétition pour tenter de faire "enfin bouger les choses".
Lidia Rahal est une maman combattive, mais terriblement inquiète. Depuis des mois, elle voit son enfant s'effondrer.
Tout ça parce qu'un jour, explique-t-elle, il a décidé de protéger un camarade dans un lycée au Luxembourg. Ce camarade était la cible d'insultes racistes, et en le défendant, l'enfant de Lidia est devenu à son tour la victime d'un groupe de harceleurs. "Cela a commencé par des insultes, des violences psychologiques" explique-t-elle. Les harceleurs en sont arrivés "à mettre la photo d'un animal dans la classe", et "à jeter des bouts de papier sur le mur en disant que c'était mon enfant" affirme Lidia.
Un acharnement qui a fini par briser la joie de vivre, la confiance en soi et même la santé mentale de son enfant. "Il a dû aller en psychiatrie juvénile" souffle sa maman.
Comme son enfant, Lidia dit avoir tiré la sonnette d'alarme, plusieurs fois, auprès des camarades de classe, des professeurs, des responsables de l'établissement scolaire...
Finalement, après plusieurs mois, le meneur des harceleurs a été expulsé. Un soulagement, mais hélas "trop tardif" ajoute Lidia, les dégâts étaient déjà faits pour son enfant, encore marqué par ce traumatisme.
Quant à son harceleur, peut-être a-t-il pu recommencer à martyriser d'autres victimes dans un autre établissement. Après tout, le suivi de ces enfants harceleurs, violents, serait quasi inexistant au Luxembourg, "ils sont laissés dans la nature", nous confiait récemment la psychologue Catherine Verdier.
UNE PÉTITION POUR "QUE ÇA CHANGE AU LUXEMBOURG"
Alors Lidia Rahal a tenté, le 29 octobre dernier, de faire bouger les choses. Face à ce qu'elle qualifie d''inaction au niveau du ministère de l'Éducation", elle s'est adressée directement aux citoyens et à leurs représentants en déposant une pétition publique à la Chambre des Députés (trouvez le lien en cliquant ici), qui s'achèvera à la fin de ce mois de décembre.
L'intitulé de la pétition est le suivant: "Mise en place d'actions préventives contre le harcèlement moral au sein des établissements scolaires et de sanctions disciplinaires plus sérieuses à l'égard des auteurs d'harcèlement."
Son espoir? Que la pétition atteigne suffisamment de signatures (4.500) pour que le sujet fasse l'objet d'un débat public à la Chambre des Députés. Mais aussi et surtout que cela débouche sur une loi qui fera de la lutte contre le harcèlement une priorité dans toutes les écoles du pays.
QUITTER L'ÉCOLE DÉFINITIVEMENT POUR ÊTRE EN SÉCURITÉ ?
Il y a quelques jours, Lidia a également contacté RTL 5Minutes, après avoir lu notre série d'articles sur la violence chez les jeunes (voir les liens en bas de l'article). Si l'identité de Lidia est publique à cause de la pétition, nous avons choisi pour des raisons évidentes de limiter au maximum les informations permettant d'identifier son enfant, mais aussi son lycée et ses harceleurs.
Notre but n'est pas de stigmatiser des individus ou des établissements scolaires, mais bien de libérer la parole sur cet harcèlement qui menace tous les milieux, dès l'école fondamentale.
En venant témoigner auprès de RTL, Lidia a choisi de briser l'omerta sur cette violence juvénile. Elle raconte la descente aux enfers de son enfant, et le combat pour l'aider à s'en sortir. Et surtout, elle demande à ce que les choses bougent enfin. Car pour protéger son enfant, la seule solution qu'elle a trouvé, pour l'instant, est de le déscolariser. Combien d'enfants doivent en arriver à cette extrémité, à devoir fuir l'école pour se sentir enfin en sécurité?
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