Salariés du privé et du public, mais aussi étudiants et retraités étaient près de 13.000 à défiler jeudi après-midi dans les rues de Metz contre la réforme des retraites. Température et témoignages.
Des centaines de milliers de manifestants, des grèves à l'école ou de fortes perturbations dans les transports qui pénalise les frontaliers, les syndicats ont donné jeudi le coup d'envoi de la contestation pour faire reculer le gouvernement Macron sur sa réforme phare des retraites. Jeudi soir, ils saluaient une mobilisation "réussie".
Alors que le front syndical uni attendait 10.000 manifestants, "nous en avons compté 13.000 cet après-midi dans les rues de Metz. On est largement satisfait, mais c'est un message fort. Ça montre le refus massif du projet de réforme dans la population", retient Dimitri Norsa, secrétaire général de la CGT Moselle.
Mélanie Blandin, secrétaire générale de la CFDT Moselle est "très satisfaite" de l'ampleur de la mobilisation et note qu'elle a "rassemblé au-delà des centrales syndicales et des militants. Aujourd'hui ce sont les salariés, la population française qui était dans le rue."
Au-delà des difficultés quotidiennes et de la pénibilité parfois au travail ou liées aux coûts qui se sont affolés avec l'inflation, "cette réforme vient rajouter en plus dans l'esprit des gens un manque de perspective, de légèreté. C'est un sentiment de lassitude", résume Mélanie Blandin.
L'intersyndicale nationale se réunit jeudi soir et sera annoncée une nouvelle date de mobilisation. "Tout le monde est déterminée et on va partir pour une bataille qui sera longue s'il le faut", annonce déjà la voix de la CGT Moselle.
TÉMOIGNAGES
En cause donc, l'âge légal qui doit progressivement être relevé au rythme de trois mois par an à partir du 1er septembre pour atteindre la cible de 64 ans en 2030. Il faudra alors avoir travaillé 43 ans pour toucher une pension à taux plein en France.
François, 58 ans, est venu de Basse-Ham pour battre le pavé, car il "ne se voit pas travailler jusqu'à 64 ans. Je suis déjà cassé de partout", confie l'agent de fabrication dans le secteur automobile. Il aimerait que Macron "revoit ses idées" sur la retraite.
Le projet de réforme "fait très peur" à Régis, 47 ans, gilet CGT sur le dos qui a fait la route depuis Sarreguemines ce jeudi. Sa crainte est "de ne plus être en forme la retraite venue et de ne plus pouvoir profiter de son enfant".
C'est pour son propre avenir et celui de son "gamin qui va sur ses 16 ans" qui entrera bientôt dans la vie active que l'ouvrier du BTP défile à Metz. Non seulement il "soulève toute la journée des sacs de ciment et des agglos", mais il "travaille dehors toute l'année" et "n'arrive pas à s'en sortir" financièrement.
Jonathan, 30 ans et "en pleine vie active" "veut que son travail ait un sens" et ne "ne veut pas travailler jusqu'à sa mort". Adrien, 30 ans, "n'est pas d'accord" avec la réforme proposée et est venu "pour faire le nombre". Il reconnaît que "c'est rare qu'il manifeste", mais là "les choses vont dans le mauvais sens. Ça va trop dans le sens des puissants et pas assez du peuple".
PLUS D'UN MILLION DE MANIFESTANTS
Plus d'un million de manifestants, des grèves suivies à l'école, dans l'énergie ou les transports: les syndicats ont réussi jeudi à fortement mobiliser contre la réforme des retraites, et ont d'ores et déjà annoncé une nouvelle journée d'action, le 31 janvier, pour faire reculer le gouvernement.
"Plus de deux millions" de personnes ont manifesté dans plus de 200 cortèges, dont environ 400.000 à Paris, a affirmé la CGT, tandis que le ministère de l'Intérieur comptabilisait 1,12 million de manifestants, dont 80.000 dans la capitale.