
© Maxime Gonzales / Archives RTL
Un nouvel épisode de la concertation du projet A31bis était organisé mardi soir à Fameck. Ses participants s'inquiètent de leurs conditions de circulation sur l'autoroute et son futur péage.
Saturée et dépassée en heures de pointe, l'A31 doit être élargie à 2x3 voies pour pouvoir faire face à l'important flux de voitures attendu dans quelques années. Un ajout de voies de circulation qui s'accompagne d'un contournement de Thionville, car les prévisions sont peu encourageantes.
D'ici 2030, le trafic journalier pourrait passer d'environ 62.000 à 100.000 véhicules à la frontière franco-luxembourgeoise. Et à Thionville, "les conditions de circulation seront particulièrement dégradées" alors qu'il y a encore une marge aujourd'hui. C'est une véritable course contre-la-montre que mène la Dreal.
Pour ne pas laisser le trafic sur l'A31 devenir encore plus insupportable, sa solution est claire: l'A31bis doit être construite. Un projet que l'État compte réaliser en mettant l'autoroute en concession. C'est un acteur privé qui fera les travaux... et se rémunèrera sur les automobilistes avec la création d'un péage.
"Je ne payerai pas 8€ par jour pour finir dans les bouchons" répondait une citoyenne présente à la réunion d'information de Fameck ce mardi soir. Une inquiétude légitime née du prix très élevé du péage et des projections de trafic de la Dreal.

Le coût annoncé du péage de l'A31bis. Avec la variante F4, on approche des 4€ par aller. Soit 8€ par jour pour un trajet passant par le contournement de Thionville puis la section nord vers la frontière. / © Préfecture de la Moselle / Dreal
Selon ses calculs, le contournement et les trois voies permettront effectivement d'améliorer le trafic et de réduire les temps de trajet en heures de pointe. Sur la traversée de Thionville comme sur la section nord vers la frontière. Mais la fluidité ne sera pas optimale. Pour les opposants à l'A31bis, c'est le signe que le projet ne résoudra pas complètement le problème. Leur argument: le projet est "déjà obsolète" et sera livré "trop tard". Alors pourquoi payer? C'est encore sans prendre en compte tous ceux qui ne sont pas frontaliers mais vont subir ce péage pour aller en courses, pour voir leurs proches, pour déposer leurs enfants à l'école...
Le problème de l'A31, c'est qu'elle est un peu victime de son succès. Axe "essentiel" de la région, elle est à la fois corridor européen pour les marchandises et principal axe d'échange local entre la France et le Luxembourg. Avec l'envolée de l'emploi frontalier, elle est dépassée sur sa partie nord et le sera bientôt à Thionville et plus au sud, jusqu'au triangle de la Fensch. "On dénombre environ 80.000 frontaliers locaux aujourd'hui, ils seront plus de 100.000 d'ici 2030" annonce Paul Bouzid, l'expert du service Transports de la Dreal. Les études les plus récentes confirment qu'environ 84% d'entre eux se déplacent en voiture.
DEUX VARIANTES SE DÉTACHENT DU LOT
"Il n'y a pas de variante miracle" répète la Dreal depuis plusieurs semaines. Le problème est effectivement multiple: le contournement de Thionville doit délester le secteur de Beauregard, desservir la vallée de la Fensch, ne pas coûter trop cher aux automobilistes, être réalisable dans un délai très contraint, le tout en limitant la gêne sur les habitants et l'environnement.

Les quatre tracés actuellement à l'étude pour le contournement de Thionville. / © Préfecture de la Moselle / Dreal
Laure Perrin, également employée au service des Transports de la Dreal, explique que les temps de trajet seront réduits avec toutes les variantes du contournement de Thionville. Elle a toutefois conclu qu'en termes de trafic, les tracés F4 et F5 en tunnel de surface "sont les plus attractifs" car ils permettent un meilleur équilibrage de la circulation sur l'autoroute et sur le réseau secondaire.
- La variante "F5 - tunnel de surface" a l'avantage d'être la moins chère (5,60€ par jour pour emprunter le contournement puis l'autoroute jusqu'au Luxembourg) mais ne sera pas réalisable avant 2035, au mieux, car le tracé emprunte l'ancienne cokerie, potentiellement polluée. Sans parler des expropriations sans doute nécessaires en surface pour construire le tunnel.
- La variante F4 et son immense tunnel de 2,2 km coûte bien plus cher (8€ par jour pour un aller-retour sur le contournement de Thionville puis le tronçon nord) mais est réalisable à horizon 2030.
- En "tunnel profond", F5 coûtera cher aux automobilistes et sera moins bénéfique au tracé actuel de l'A31. Son délai de mise en service est aussi long que sa version "tunnel de surface". À l'inverse, F10 est sensiblement moins chère mais ne dessert pas du tout la vallée de la Fensch. Son impact environnemental est également problématique (viaduc sur la Moselle, déboisement...).
Les opposants au projet militent eux pour une "5e option": ne pas construire l'A31bis et miser sur les alternatives à la route.
M. Bouzid leur avait déjà répondu lors d'une réunion de concertation précédente: si on ne construit pas l'A31bis, "la capacité de l’autoroute sera dépassée sur de nombreuses sections" en 2030. Impensable pour les usagers, pour lesquels les trajets quotidiens vers le Luxembourg sont de plus en plus durs. "Il faut vraiment régler ce problème de circulation au plus vite. Ça fait des années qu'on attend. On se tue sur cette autoroute, on y perd des heures" a alerté un frontalier épuisé par les trajets quotidiens.
La Dreal conserve donc sa position: "L'A31bis est un des leviers pour améliorer la situation de 2030. Mais les autres modes de déplacement comme le train et le bus seront indispensables."